Etsuko Yasuda se pencha vers le berceau pour observer d'un air méfiante la nouveau née dormir paisiblement. Madame Yasuda est la doyenne du village de Célestia, elle est aussi une voisine bien enquiquinante qui savait aussi bien de se mêler de ses affaires sans négliger celles des autres. Bien sûr, Madame Yasuda n'était pas là pour une simple visite de courtoisie car les Wilson ont eu une enfant et elle voulait juger par elle-même si tout se passait bien... ou mal.

« Comment elle s'appelle vous m'avez dit ? Luna ? A mon époque on donnait pas des prénoms aussi mystique que ça. Mais bon. Ca ne m'étonne pas d'un couple mixte et ses cheveux... Aucun de vous deux n'a les cheveux blancs. » dit-elle dans un langage de Sinnoh.

Elle en aura des choses à dire avec ses copines lors de ses réunions tupperwares. Kyoko se retient de soupire, elle savait que son mari John ne sait pas parler aucun mot du dialecte de Sinnoh et qu'il allait rapidement s'énerver. Elle savait que tôt ou tard, cette vieille voisine enquiquinante allait débarquer pour jeter son venin. Kyoko avait une patiente à toute épreuve, ça fait maintenant vint-cinq ans qu'elle supporte ça mais quand il s'agit de sa fille, cela lui met une colère noire qu'elle essaye de contenir.

« Luna est née sous une pleine lune incroyablement beau pour un mois de décembre. C'est comme ci la lune nous donnait son enfant, Luna lui va très bien. En ce qui concerne la couleur de ses cheveux, les médecins nous ont dit qu'elle était en pleine forme et je la trouve parfaite ainsi. » dit-elle en anglais.

Yasuda resta sceptique, elle se redressa sans rien paraître sur son visage mais elle n'en pense pas moins. En regardant l'heure de sa montre, elle prit son sac à main avant de glisser à Kyoko ces derniers mots ;

« Avec un prénom et un physique comme elle, cela inspire une malédiction. Si j'étias vous, je la ferais baptiser au plus vite dans un temple. »

Puis elle part.



Tu passais tes journées seule dans ton coin à la maternelle, tu effraies tes camarades de classe avec des propos incohérents, tu parles toute seule et tes questions inquiètent tes parents parfois avaient le don de toucher la corde sensible, et on devait faire un gros effort pour ne pas se dire que tu les choisissais exprès pour provoquer chez eux une réaction quelconque. Tout comme les dessins, alarmants, que tu pouvais faire, et les mots, que tu savais parfois déjà tracer sur une feuille de papier, sans que tu n’ai eu encore le loisir de l’apprendre à l’école. Des mots durs, qui n’auraient jamais dû faire partie du vocabulaire d’une si petite enfant.

Un soir d'Halloween, tu ne te montras pas si docile qu'à l'accoutumée, lorsque vint l'heure d'aller se coucher. Tu piques une crise, tu te mets à pleurer, à hurler, et supplias qu’on ne t’envoie pas au lit. Eux, surpris, tentèrent de comprendre ce qui pouvait bien te mettre dans cet état. Mais à trois ans et des poussières, les mots pour t'exprimer ta peur te manquaient cruellement.

Avec tes explications évasives, ils arrivèrent à la conclusion que tu faisais des terreurs nocturnes. Ils firent donc leur possible pour te rassurer... Sans beaucoup de succès. À la fin, perdant un peu patience, ils t’envoyèrent dormir en te disant de les réveiller, si cela se produisait encore. Tu t'es assis dans ton lit, la couverture tirée jusqu'à ton menton. Tu savais déjà ce qui allait se produire. Tu le savais parce que tu le vivais chaque nuit depuis des mois, les yeux grands ouverts en fixant la porte de ta chambre avec angoisse.

Soudain, quelque chose changea. Un tout petit bout de peau apparut dans l’interstice entre le mur et la porte, qui n’était pas fermée. Tu t’enfonças sous tes couvertures, ne laissant plus que ses yeux, terrifiés, hors de la couette. Le morceau de peau s’allongea lentement, pour devenir un doigt, suivi de ses compagnons. Une main. C’était une main qui était en train de te glisser dans ta chambre comme un serpent ! Une main décharnée, aux ongles pourris, qui avançait sur le mur comme rampe une limace, te glaçant d’un effroi silencieux. Tu attrapas un livre, histoire de te concentrer dessus, pour ne plus voir les ombres qui emplissaient ta chambre. Un visage fendu d’un sourire cruel te fit sursauter, sortant de dessous ton lit, tout au bout, derrière les barreaux.

le bout de couverture tremblait entre tes doigts, et tu t’efforçais de juguler les gémissements naissants, qui mourraient aussitôt au fond de ta gorge. Commença alors un jeu sinistre. La chose ne bougeait plus, comme si elle était figée par le temps. Tu remettais la couverture devant ton visage, puis pour t’assurer qu’elle n’avait toujours pas bougé, le baissait de nouveau. Sauf qu’elle avait bougé. Elle s’était levée, redressée, et à moitié appuyée sur la barrière du lit, dans une autre position, comme si elle n’avait pas eu à esquisser de mouvement pour en arriver là.

Cette chose possédait une longue chevelure noire, en bataille, et crasseuse, et un corps en putréfaction, aux yeux brillants de vie, et au visage fendu d’un sourire cruel. Tu recommenças la manœuvre, et eut un haut-le-cœur qui aurait pu t'être fatal, si tu avais été âgée de quatre-vingts ans, en constatant que cette chose était à présent à moitié à quatre pattes sur son lit, les deux mains posées sur la couette. Terrorisée, tu te cachas derrière ton livre, avec la ferme résolution de ne plus regarder. Mais de longues mèches de cheveux noirs se glissèrent sur les pages de ton bouquin. Tu levas les yeux lentement. Hurlement de terreur qui déchire la nuit.

Tes parents arrivèrent dans ta chambre en trombe, tout est redevenu à la normale. Lendemain tu avais déjà rendez-vous chez de nombreux spécialiste et psychothérapeute pour comprendre sans succès.

A l'école ont commencé à te prendre pour une "sale folle" comme dirait Shota, à cinq ans, quand il avait assez vocabulaire pour s'exprimer, il le faisait et la terrorisait jusqu'à l'école primaire mais un jour tout cela s'arrêta.



Tes parents ont estimé que ce voyage scolaire à Floraville te fera du bien pour nouer des liens avec tes camarades de classe sauf que c'était bien pire entre vol d'affaire, entre les cauchemars et surtout celui qui était l'investigateur de tous les malheurs... Kurozawa Shota.  Bizarrement tu n'as pas été trop témoin de phénomènes paranormal jusqu'à cette nuit-là. La nuit tombe rapidement à Floraville, tu n'aimes pas être seule et tu sais cela ce que cela signifie. Les spectres sont de retour. Tu te plonges dans ton livre en te concentrant malgré la présence de cet homme qui te fixe au coin de ton dortoir, les fillettes de ton dortoir dorment à poing fermé, tu as le cœur qui bat fort la chamade.

« Je peux faire en sorte que Shôta ne vienne plus t'embêter pour toute la vie. »

Intriguée, elle leva les yeux vers cet homme aux allures débraillés mais il était moins intimidant que les autres fantômes dont elle doit se confronter dans la nuit. Elle ne dit aucun mot de peur de réveiller tes camarades mais ton visage trahit ta curiosité d'en savoir un peu plus.

« Trouve le moyen de le faire venir dans le parc éolien. C'est à peine dix minutes de marche d'ici, et puis, laisse-moi faire mais ne t'approche pas trop, il aura la peur de sa vie qu'il ne viendra plus jamais t'embêter. Dis juste oui de la tête si tu acceptes, je te demanderai rien en contrepartie. »

Si Shôta avait peur de toi, ça serait parfait. Tout ce qui compte, c'est qu'il ne t'embête plus jamais et s'il pouvait passer le mot à tout le monde, ça serait formidable. Le fait qu'il ne demande rien en partie ne t'alarme pas, tu penses même que c'est un esprit qui a compris que Shôta n'était qu'un merdeux qui méritait une petite leçon. Tu acquiesces de la tête et tu t'en dors rapidement sans cauchemar et sans rêve.

Lendemain, la réalité te rattrapa, comment allais-tu convaincre Shôta de venir avec lui dans un parc et surtout au beau milieu de la nuit ? Comment vas-tu déjouer les rodes des surveillants la nuit ? Cela te tracasse pour toute la matinée. Lui demander ? Certainement pas, il va te prendre encore pour une folle et c'est en début de soirée pendant l'heure de quartier libre que tu as décidé d'aller fouiller dans son dortoir en quête d'inspiration. Par chance, Shota était du genre d'enfant à dormir avec un doudou, tu l'as pris en lui laissant un mot sous son oreiller ; " Si tu veux récupérer ton vieux crado de doudou, viens au Parc Éolienne à 23 h et tout seul. Sinon je le décapite. "

Tu l'attends au milieu des éoliennes, tu te sens mal à l'aise car tu as le pré-sentiment que cela va mal se finir mais c'est trop tard pour changer d'avis surtout que tu le vois s'approcher de toi en courant l'air furieux et apeuré aussi.

« Rend moi ce que tu m'as volé, ça appartient à ma soeur espèce de sale folle ! » cria-t-il en colère.

Tout se passa vite que tu ne comprends rien, tu as juste vu son bras tendre vers toi, mais quelque chose lui attrapé pour le faire voler. Une créature ronde, dans la pénombre, tu ne vois rien, tu entends son cri terrifié. La chose s'envole très haut et très loin et puis... plus rien. Il n'y avait que toi et la nuit.

Tu restes confus pendant quelque minutes et puis tu réalises que Shota avait disparu pour de bon. L'esprit réapparu, mais déçu de voir la petite vivante affolée au bord des larmes.

« Te voilà débarrassé de ce morveux. Ne me remercie pas. Par contre, j'ai gagné ma place, mon âme contre une autre. Quel aubaine tombé sur une gamine médium. ah, et reste pas trop longtemps ici, les Baudrive vont venir aussi te kidnapper. Bonne continuation, gamine. »

Shota a disparu à cause d'un contrat passé avec Baudrive ? Tu avais tué Shota ? Tu avais tué quelqu'un ? Ton institutrice t'avait retrouvé au bout d'une demie-heure à te rechercher toi et Shota, mais tu n'as pas ouvert la bouche, tu t'es contenté de pleurer à chaude de larme.

Le voyage a été interrompu, tous les enfants ont été renvoyés chez eux pendant que la police, les parents du petit et ainsi que des bénévoles volontaires pour rechercher le petit. Tu n'as dit aucun mot depuis que tu es rentrée, tes parents croient à ton innocence, du moins, en apparence. Ils savent que tu n'es pas totalement blanche, mais leur amertume ne tarda pas à se manifester. Tu étais soulagé que le mot que tu avais laissé n'a jamais été découvert, il a sûrement dû le mettre dans sa poche avant de partir.

À l'école, on te fixe, on s'éloigne de toi, on parle sur toi. Les violences ont commencé, des affaires volés, du chewing-gum dans les cheveux, des pages de livres déchirés. La sortie de l'école, la mère Shota te suivait en te suppliant de lui dire ce que tu savais sur Shota, tu as beau dire que tu ne sais rien, elle ne te crois pas.

Un soir où s'en est trop, la lumière d'en bas était encore allumé et tu entendais discuter bien que doucement, mais assez audible pour comprendre.

« - Les camarades qui ont été dans la chambre de Luna ont confirmé de l'avoir vu partir dans la nuit et une vingtaine de minute avant ce garçon... Elle tenait le doudou du gamin...   »
« - Luna ne sera pas faire une chose pareille... Elle est juste plus sensible que les autres enfants malgré ses bizarreries. La situation est plus vivable, nous devons déménager. »

Tu remontes, tu as décidé de ne plus aller à l'école en t'enfermant dans ta chambre, tes parents ne pourront rien y faire. Un jour, tu iras dire la vérité à cette pauvre mère qui attend désespérément le retour de son enfant unique. Un jour, elle contrôlera son don.




Après cet incident, tes parents et toi déménageâtes dans une nouvelle région : Kanto. Un climat plus tempéré et beaucoup plus de bruit, car maintenant, tu vis dans une banlieue chic de Céladopole. Tu as passé tes neuf ans dans une école tout à fait ordinaire, rien de grave ne t'es arrivé, car tu as décidé de ne plus jamais parler de fantôme ni à ton nouveau professeur, ni à tes nouveaux camarades et ni à tes parents.

Dix ans. C'est aussi l'âge parfait pour avoir son propre compagnon de vie ; un Pokémon. Elle n'a rien de trouver d'intéressant avec ses parents, la moitié des Pokémon la fuit comme de la peste, d'autres montrent les crocs, mais il a fallu d'un soir pour faire la rencontre idéale.

Avec tes premières copines, lors d'Halloween, vous avez décidé de visiter le bâtiment abandonné derrière l'école pour se raconter des histoires flippantes. Encore traumatisé de ce que tu as voulu faire marche arrière, mais les quatre filles ne t'écoutent pas, obligées de les suivre, mais tu ne ressens rien dans ce bâtiment pas de bruit suspect, pas d'esprit qui veut faire peur. L'ambiance certes très sombre a tendance à t'apaiser pendant que tes copines frissonnèrent de peur.
Il y avait un rire soudain, des ombres partout, les copines s'enfuirent à toute jambe, mais toi, tu restes, amusé par la situation. Tu n'avais pas peur, car tu ne ressens pas de menace et c'est bien la première fois que cela t'arrive. Un Pokémon violet avec de grands yeux, tu le fixe, il te fixes, vous vous fixâmes. Un coup de foudre ? Et puis tu te mets à rire, il ne s'attendait pas à ce genre de réaction, intrigué, il tourne autour de toi et tu tournes aussi pour mieux le voir.

Il s'en va et toi, tu sors du bâtiment dans l'espoir de le capturer un jour. Depuis cette nuit, tu fais le mur pour aller à ce bâtiment. Tu passes ton temps à visiter le moindre recoin du bâtiment, prenant tes aises, tes habitudes et tu y sentais bien. Le Fantominus apparaît chaque nuit en tentant de te faire peur en vain, et une belle nuit d'été à jouer à cache-cache dont tu ressortais perdante, il fait rouler une pokeball un peu usé par le temps. C'était là où il dormait la journée, tu as compris que ce fantominus attendais son dresseur et qu'il a été abandonné... Tu n'as pas hésité une minute à ramasser la pokeball pour le faire rentrer dedans et le ramener chez toi. Tu as enfin ton Pokémon.

Tes parents étaient assez réticents que tu possèdes un Pokémon aussi dangereux pour un premier Pokémon mais quand ils ont vu ta joie sur le visage, ils ont compris que c'était bon pour toi. Tu avais une raison de vivre, devenir une spécialiste des pokemon spectres, psy et ténèbres, mais pour cela, il va falloir aller à l'académie Prismillon.

« Maman, Papa. Je sais qu'il reste un mois pour la rentrée mais j'aimerai continuer ma scolarité à l'académie Prismillon, je voudrais devenir dresseuse. »

Kyoko resta bouche bée reposa sa fourchette, son père faillit s'étrangler avec sa bière, ils se regardèrent et ils acceptèrent. C'était la première fois que tu exprimais une envie et ils ne pouvaient pas te le refuser. Tu aurais onze ans en décembre, il te faudra attendre encore peut-être un an, mais d'ici là, tu avais de quoi apprendre à un maximum sur les Pokémon spectres, psy et ténèbres.

Tu ne sais peut-être pas, mais les fantômes réapparaissent, celui de Shôta compte bien te hanter pour les années à venir.