« Le monstre s'approchait du village à la nuit tombée pour enlever des gens et des Pokémon afin de les dévorer... C'est pour ça que les gens ont construits des remparts et que la ville est fortifiée. Pour empêcher le monstre d'entrer. Et selon la règle du village, il était interdit de sortir après la tombée de la nuit. »

Plus personne ne croit à cette vieille légende.
Mais pourtant, c'est bien la seule et unique chose que les gens étant passés au petit village d'Entrelasque retiennent. Un petit village d'Unys facilement oubliable, et uniquement connu pour être tellement attaché à ses coutumes et ses traditions que même aujourd'hui, tout le monde y rentre gentiment chez soi à la nuit tombée.

Et si on en parle ici, c'est bien parce que c'est dans ce petit village fortifié qu'a vécu notre protagoniste, Jeden Clinton. Et étant déjà peureux par nature, cette histoire de monstre qui dévore les gens n'a certainement pas aidé. D'autant que ses parents ne sont pas le genre très présents... Une semaine ils sont là, et la semaine d'après ils partaient en voyage d'affaires on ne sait où, laissant un pauvre enfant tout seul dans une ville qui ne le rassurait pas des masses. Bien sûr les voisins le gardaient, mais il fallait choisir entre dormir dans une chambre d'amis pour rester en sécurité avec des adultes, ou pouvoir dormir dans sa propre chambre bien plus rassurante mais dans une maison vide.

Des Pokémon, il n'en avait pas. Ses parents en possédaient mais les emmenaient avec eux pendant leurs voyages. Et puis, Jeden ne les aimait pas de toute façon. C'était des gros monstres qui pourraient le dévorer à tout moment, non ? Ne se sentant pas vraiment à l'aise dehors et n'étant pas passionné de combats Pokémon, c'était dans les jeux vidéos qu'il s'échappait. Et quand on lui offrit un Pokédex, il préféra le démonter plutôt que de l'utiliser.

Non, parce que démonter des appareils, étrangement, il trouvait ça passionnant. Il n'était pas l'enfant le plus futé de l'école, et son habitude à s'éclipser aussitôt que les autres lui parlaient de Pokémon lui donnait une réputation de trouillard bizarre, mais quand on le voyait tout seul dans son coin en train de trafiquer ses appareils électriques, il était tout aussi bizarre, mais on le voyait comme une sorte de petit génie. C'était le gars à voir pour faire réparer ta Gameboy quoi. (ta switch, pardon. de nos jours les gamins ils ont des switchs)


« Il flotte dans les airs en émettant des ondes électromagnétiques. Ces ondes annulent les effets de la gravité. »

Bon, les descriptions Pokédex c'était pas trop son truc du coup, mais il n'empêche... Passionné de sciences et de technologie, il se rendit quand même compte que certains Pokémon avaient des pouvoirs plus qu'intéressants dans ce domaine. Il n'avait jamais réellement voulu son propre Pokémon, et ce n'était même pas l'idée d'en avoir un qui l'intéressait (non, même, ça l'angoissait pour tout dire), non, Jeden il continuait juste à être ce petit génie de la technologie qui bidouillait les circuits électroniques. Mais parce qu'il s'était aléatoirement intéressé à vouloir utiliser des aimants, il était inévitablement tombé sur des articles concernant Magneti.

Et du coup, il lui en fallait un. Pour pouvoir étudier son fonctionnement. C'est comme ça qu'il a obtenu son premier Pokémon. Un évènement marquant dans la vie de tout jeune dresseur, non ? Bah, il sait même pas d'où il vient. Il a dit à ses parents qu'il voulait un Magneti, ils lui ont proposé de venir en capturer un avec eux, il a paniqué. "Non, non, non, non, j'approche pas des hautes herbes, ça va pas, c'est infesté de Pokémon !!"... Au moins il a pu en avoir un. Et si le Pokémon s'attendait à enchaîner des victoires et combattre des arènes, il s'est finalement retrouvé branché à toutes sortes d'appareils et forcé d'utiliser ses capacités pour afficher d'obscurs résultats sur l'écran d'ordinateur d'un gamin un peu bizarre. Il était bien plus un sujet d'étude qu'un partenaire.


« Ce Pokémon grandit en se nourrissant des émotions négatives des gens. Il erre dans les villes à la recherche des gens qui n'ont pas le moral. »

Ce n'est pas vraiment nouveau, mais Jeden, il est du genre peureux. Il a peur de vraiment pas mal de choses, à commencer par sa propre ville. Alors quand il a été envoyé à l'Académie Prismillon pour sa première année, cela le rassurait dans un sens d'être ainsi loin de chez lui... jusqu'à ce qu'il arrive à Fort-Vanitas et réalise que c'était aussi une ville fortifiée et que ça lui fasse faire des cauchemars sur de quelconques monstres qui attaqueraient pendant la nuit. Et bien sûr, l'école était remplie de Pokémon. Bien sûr, il avait choisi de venir ici. Il voulait étudier la science, apprendre à exploiter le pouvoir des Pokémon. Mais n'empêche que ce n'était pas le lieu le plus serein du monde.

Et forcément, il avait fini par s'attirer des problèmes. Problèmes sous la forme d'un petit Polichombr qui se mit à le suivre partout pendant une bonne partie de sa scolarité. Et plus si affinités. Enfin, affinités, c'est vite dit. Jeden a voulu s'en débarrasser, et il a fait le mouvement le plus idiot qui soit : lui lancer une Pokéball pour lui faire peur et le faire fuir. Ça a raté, il l'a capturé, et le Polichombr ne l'a plus jamais quitté ; rarement dans sa Pokéball, depuis il suit le pauvre garçon où qu'il aille. Aucune forme d'affinités entre eux, même si Jeden essaie tant bien que mal de se faire à la présence du spectre, cela n'a fait qu'accentuer son attitude et sa réputation de trouillard bizarre, au plus grand plaisir du Polichombr qui se nourrit de son mal-être.

Malgré tout, c'est en compagnie de son Magneti et de ce Polichombr indésirable qu'il avait fait sa première année. Excellentes notes en sciences, catastrophiques en sports, moyen dans le reste. Beaucoup trop de passages à l'infirmerie. Il estimerait que sa première année... s'est passé.


« Il dissémine des spores clignotantes pour endormir ses ennemis. Les Pokémons de la forêt se délectent de ses chapeaux, qui heureusement repoussent en une nuit. »

Corrifey à Galar, ce n'est pas vraiment un lieu que Jeden apprécie. Il fait toujours sombre, et tout est éclairé par des champignons luminescents dont il ne comprend pas la logique et le fonctionnement et qui le mettent bien trop mal à l'aise pour qu'il ait envie de comprendre. Pourtant, des amis l'ont traîné là-bas une fois, pendant les vacances scolaires. Parce qu'il n'avait pas vraiment envie de rentrer chez lui pour passer deux semaines seul à prier que le monstre ne vienne pas chaque soir, il les avait suivis dans leur région, et... comment dire ? Leur ville était encore pire ! D'où ça brille comme ça des champignons ?? Et pourquoi il les avait même suivis jusqu'à la Forêt de Lumirinth une nuit ?? (ou c'était le jour ? Qu'est-ce qu'il en savait ?)

Il sait pas. Sûrement pour pas rester seul dans la ville aux champignons luisants. Il a bien essayé de leur demander de faire demi-tour maintes et maintes fois, mais aucune utilité. Puis à un moment ils ont vu des lumières différentes, qui clignotaient. C'était pas habituel selon un de ses amis. Alors bien entendu ils ont fait demi-tour ils sont allés voir. Puis le trou noir. Jeden s'est réveillé plus tard, seul et entouré de petits champignons qui bougeaient et le fixaient avec leurs yeux. Trop peur pour fuir, il les a suivis... pour se rendre compte qu'ils l'avaient gentiment guidé jusqu'à la sortie. Et alors que tous retournaient vers la forêt, l'un des champignons est resté sur son épaule.

Il sait pas trop comment cette habitude lui est venue, mais les petits champignons qui poussaient sur le Spododo avaient un bon goût. Et un effet rassurant... Alors il les mange. Quand il se sent stressé. Un peu tous les jours du coup. Il a un peu développé une sorte de dépendance à ce truc en fait.


« Il passe son temps à manger du terreau, tapi sans bouger sous les feuilles mortes. Son corps est capable de stocker l'électricité comme une batterie. »

Un Polichombr qui le hante, un champignon anti-stress, un Magneti constamment à plat... Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pendant sa deuxième année à l'Académie Prismillon. Non, en vrai, ça allait, ça pourrait être pire. Genre, il pourrait par exemple marcher dans la forêt pour aller en cours, s'entraver dans le vide, perdre l'équilibre, se tordre la cheville, et se ramasser complètement par terre en se tordant le nez, tout ça alors même que son sac était ouvert, que son ordi se casse la gueule à son tour et que toutes ses feuilles de cours se retrouvent dispersés sur le sol mouillé au milieu des feuilles mortes. Un peu trop spécifique comme exemple ? Welp.

L'avantage dans l'histoire, c'est qu'il s'était pas entravé dans le vide, mais bien dans un Pokémon. Et qu'un coup d'œil à son pokédex dernière génération lui permit de vite savoir duquel il s'agissait (c'était quand même pratique le pokédex). Et avec un Chrysapile pouvant générer de l'électricité à volonté, il pouvait non seulement l'utiliser pour brancher et alimenter divers appareils sans faire sauter le compteur électrique du dortoir, mais aussi enfin remettre son Magneti sur pied sans passer à l'infirmerie à chaque fois et se faire enguirlander parce qu'il avait encore trop épuisé son Pokémon... Bon ça le dispensait pas d'y passer pour son nez en sang.


« Malgré son caractère paisible, ce Pokémon ne peut s'empêcher de se faufiler dans les foyers pour en voler les clés, qu'il aime collectionner. »

Ce n'était pas ses clés qu'on lui volait, mais plusieurs de ses affaires, régulièrement, pendant plusieurs semaines. Il avait l'habitude que son Polichombr passe sa vie à détruire la sienne, mais si le spectre semblait bien rire de la situation, il ne semblait pas coupable. Ses camarades aussi juraient n'avoir rien vu. Alors Jeden commençait à psychoter et se faire des films. Il était victime d'une malédiction et d'un phénomène paranormal. Qui dit paranormal dit sûrement ondes bizarres ou quelque chose, alors sans être bien sûr lui-même il avait passé des semaines à fabriquer un appareil censé détecter les fantômes... Aucun résultat. L'année se termine, il rentre chez lui, et la malédiction le suit, de quoi bien le rendre fou !

Impossible pour lui de se concentrer avec cette histoire, et à cause de ça il était resté un peu tard dehors car il en avait perdu la notion de temps. À Entrelasque. ENTRELASQUE. LA NUIT. DANS DES RUES VIDES. C'est pas grave, il devait juste rentrer très vite, prendre ses clés, ouvrir la porte et s'enfermer. Mais voilà le problème. Il avait plus ses clés. Disparues. La porte de sa maison ? Fermée à clé. Ses parents ? En voyage. Personne. Ses voisins ? Il y a pensé. Mais au moment de s'approcher de leur maison, son appareil a réagi. Il a sursauté. Il a paniqué. Il s'est retourné. Il n'a rien vu. Il a tenté de suivre le signal. Il a fini par le trouver. Polichombr. Il a sursauté. Il a paniqué. Mais Polichombr avait pas les clés. C'était pas lui le voleur.

Et là c'est le moment où n'importe quel dresseur sortirait tous ses Pokémon, en hurlant "les amis, venez m'aider !" et ensemble ils chercheraient joyeusement la source du problème. Mais Jeden il avait pas ses Pokémon avec lui en fait. Chrysapile et Magneti restaient toujours dans son laboratoire (sa chambre-), pareil pour Spododo. Et Polichombr ne l'aidait jamais. Il savait pas quoi faire, il tenait juste dans une main son appareil qui bippait seulement au Polichombr, il pliait continuellement ses doigts de son autre main en espérant y avoir un bout de champignon à croquer, et il se sentait épuisé à errer dans les rues qu'il ne reconnaissait même plus de nuit, sursautant au moindre bruit venant de derrière les remparts.

Des bruissements, le vent, des branches qui craquent, des cris de Pokémon au loin... Un bruit métallique... des clés qui s'entrechoquent... Ah ! Il allait presque finir par s'endormir de fatigue, paralysé de peur contre le mur d'une maison qu'il ne connaissait pas, quand il entendit des clés. Il vérifia son appareil, mais toujours rien. Il finit juste par apercevoir un objet en métal se reflétait à quelques mètres. Et par il ne sait quelle force, il avait réussi à se lever et le poursuivre un moment, puis même à l'attraper, lui suppliant de lui rendre ses clés. Puis plus rien. Le trou noir. Encore. Mais parce qu'il s'était endormi tout seul cette fois, pas à cause d'un Spododo.

Il s'est réveillé devant sa porte au lever du jour, ses clés juste à côté de lui, accrochés à un petit trousseau de clé en métal qu'il n'avait jamais vu. Il lui fallut un certain temps pour réaliser qu'il s'agissait là d'un Pokémon. C'est en le voyant respirer qu'il comprit. Il paniqua. Puis s'énerva contre lui, comprenant que c'était le fameux fantôme voleur. Mais quand il tenta de l'attraper, le trousseau pourtant endormi esquiva sa main sans mal et se mit à rire avant d'enfin ouvrir la porte et d'y rentrer comme si il était chez lui, touchant à tout ce qu'il y voyait. Et Jeden avait beau lui dire de sortir de chez lui et d'essayer de lui reprendre les clés, le Trousselin était bien trop rapide, et le faisait tourner en Bourrinos, il était encore pire que Polichombr...

Il avait quand même pu récupérer ses clés, les retrouvant simplement posées sur la porte plus tard dans la journée... Le Trousselin se remontrait de temps à  autre pendant les jours, semaines qui suivirent ; les voisins le trouvaient mignon à garder si gentiment les clés et disait à Jeden qu'il avait de la chance d'avoir un Pokémon aussi pratique et serviable avec lui... Ce n'était même pas son Pokémon, et il était tout sauf serviable.


« Tel un Prismillon pouvant arborer des motifs différents, chaque dresseur est un être unique choisissant sa propre voie. »

Tel est un tout cas ce que répète le directeur de l'académie à chaque rentrée scolaire... Mais pour cette année, difficile de dire que Jeden ait réellement choisi sa voie. Pas ses Pokémon en tout cas. Avec tout ce qu'il vivait en ce moment, le pauvre avait pourtant bien préparé ses affaires avant de partir de chez lui, vérifiant que tout était en place, que rien ne manquait, et tout semblait aller pour le mieux. Mais une fois la journée d'introduction terminée, alors que chacun pouvait enfin se poser dans la chambre qui leur avait été attribuée pour l'année... Ce fût le drame.

Il n'avait pas la totalité de ses Pokémon.
Pire encore. C'était bien la peine de présenter chacun d'eux, pour qu'au final, son sac ne contienne qu'une seule et unique pokéball, une qui était supposée être vide qui plus est, mais qui pourtant ne l'était pas.

Elle s'ouvrit d'elle-même, pour révéler le petit trousseau de clé, qui s'était semble-t-il imposé comme son unique Pokémon pour ce début d'année scolaire... Et, vous vous en doutez, ce n'était pas vraiment une bonne nouvelle.